Accompagner le cancer

Vidéo Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=MjWYbmDLm5s&t=226s

ACCOMPAGNER LE CANCER

 

 Bonjour à toutes et à toutes,

 J'ai le sentiment que c'est le moment de vous dire ce qui m'arrive et la raison pour laquelle Marion et moi avons dû annuler tous les séminaires (pas les visioconférences) jusqu'au 1ᵉʳ juillet.

Je suis actuellement en thérapie pour un cancer de la gorge, un traitement lourd, trois chimiothérapies, 35 séances de radiothérapie, tout cela en même temps. Et j'en suis déjà à la septième semaine, il m’en reste une. La plus dure paraît-il… Puis les 15 jours qui suivent sont encore, paraît-il, très durs. 

 

Si je me décide à en parler aujourd'hui, c'est parce qu’il me paraît très important de souligner ce qui se passe ici. 

La seule réaction, lorsqu'on m'a annoncé que j'avais un cancer de la gorge a été l’étonnement. On m'aurait parlé d'un cancer de la prostate ou des intestins, il y en a dans la famille, c'était logique, mais la gorge, ça n'avait jamais effleuré mon esprit ! 

Mais sinon, aucune réaction émotionnelle, pas de refus, pas de colère, pas de tristesse, pas de « Pourquoi moi ? », rien du tout de tout cela, rien du tout. Et c'est là où l’on voit vraiment la puissance de l'éveil !

 

La tranquillité de fond, la paix de fond, le bonheur de fond, le sourire de fond sont restés là en permanence. Depuis l'annonce de ce cancer jusqu'à maintenant, nous sommes le 22 mai (cela fait 3 mois), aucune réaction émotionnelle. Toujours cette tranquillité, cette paix de fond, ce sourire de fond. J'insiste. 

 

J'entends déjà ceux qui pensent que lorsque l'on est éveillé, il n'y a plus de maladies physiques, et s’il y en a c'est qu'on n'est pas éveillé ou qu'on a encore des choses à comprendre, etc. !

N'oublions pas que certains grands sages comme Ramana Maharshi ou Nisargaddata Maharaj sont morts d'un cancer. Autrement dit, penser que parce qu'on est éveillé, il n'y a plus de maladie, c'est juste une histoire. Ce sont juste des pensées crues. 

 

En fait, ce qui est important aussi, c'est que la seule phrase qui est montée à ce moment-là est la suivante « Que ta volonté soit faite ». Non pas dans le sens de « Qu'un jour ta volonté soit faite ». Mais dans le sens de « Je sais que c'est ta volonté, qu'elle s'accomplisse ».

Autrement dit, il est évident ici – depuis 1984, la première expérience mystique et d’éveil qui a eu lieu ici – c'est absolument évident que tout, absolument tout, arrive toujours de soi-même et d'une façon parfaite. Tout est absolument parfait. Il n'y a jamais d'erreur. Jamais, jamais, jamais. Alors, qu'est-ce que je pourrais bien dire ou avoir contre ce qui m'arrive ? Ça n'a aucun sens. 

Évidemment, puisque ça arrive, c'est le mieux qui puisse arriver en soi. Non pas forcément pour moi – il n'y a pas de moi d'ailleurs – pour cet organisme appelé Gérard. Mais en soi. En soi, en tant que Ce qui Est, c'est forcément le mieux qui puisse arriver. 

Alors bien sûr, Gérard en a tiré des leçons, déjà. Ce n'est sûrement pas fini, je n'en sais rien du tout, mais probablement pas. « Leçons », n'est peut-être pas le bon mot, disons plutôt des « compréhensions ». Il y a des vasanas (tendances mentales latentes) qui ont été vus, qui se sont effondrés. 

Une chose qui m'a beaucoup touché, c'est le nombre de personnes… Très peu de gens sont au courant pour l'instant, mais le nombre de personnes qui, à l'annonce de ce cancer ont réagi, qui ont été là, qui m’ont dit « Je t'aime, je suis avec toi, je pense à toi, mes pensées d'amour vont vers toi ». Ou encore ceux qui m’ont dit « Mais attends, tu pourrais appeler untel ou untel, il fait telle chose, ça pourrait t'aider, etc. ».

 

Je n'ai jamais été aidé comme cela auparavant et c'est une vraie bénédiction. 

Bien sûr, il y a Marion qui est là tous les jours avec son amour, sa présence, ses soins énergétiques quotidiens, pluriquotidiens en fait ! grâce à qui aujourd'hui, je peux encore parler, je peux encore manger. 

Pas beaucoup parce que l'estomac ne supporte rien, mais j'ai peu de douleurs, finalement. 

Et alors qu'on m'avait prédit des choses horribles – on dit souvent, lorsqu'on traite ce genre de cancer de la manière dont je suis traité, qu’au bout de quinze jours, trois semaines, on atterrit à l'hôpital et on ne peut plus manger, on a tellement mal, on a une sonde gastrique ou des choses de ce genre – et là, cette semaine, je suis encore là, à pouvoir vous parler normalement, finalement. Avec quelques douleurs et des brûlures dans le cou. Franchement, rien de dramatique. Ce ne sont que des douleurs, finalement, rien de grave. 

Et puis Marion, bien sûr, mais aussi d'autres, Jean Pierre, Annie, Gaëlle, Jérôme, Alain et d'autres dont j’oublie le nom là maintenant. Une vraie grâce, en fait. Une vraie grâce de pouvoir être accompagné ainsi. Je souhaite à tous ceux qui traversent des épreuves comme celle-ci de pouvoir être accompagné de la sorte.

 

Et une autre chose qui est très importante, c'est que la vraie guérison, celle à laquelle nous devons aspirer tous, n'est pas physique. Elle n'est pas psycho-émotionnelle. Elle n'est même pas spirituelle dans le sens d'un Dieu extérieur. Elle est non duelle. Elle est vraiment non seulement de réaliser qu'il n'Est que Cela, que ce monde est illusoire, qu'il n'y a pas de moi ; mais aussi de le vivre pleinement au quotidien sans cesse, c'est à dire un éveil non seulement complet : l’évidence que tout est cela, mais aussi parfait : c'est à dire qu'il n'est plus vécu que cette évidence. 

Et tant que cet éveil n'est pas et complet et parfait, alors la guérison n'est pas complète et parfaite. Et en fait, toute maladie, tout trouble psycho-émotionnel, toute crise spirituelle n'est là que dans ce but précis : une invitation sans cesse renouvelée à un éveil et complet et parfait. Et c'est peut-être le plus important de ce que j'ai à vous dire aujourd'hui. 

Revenir à Ce qui Est encore et encore. 

Une autre chose qui me paraît importante, est de voir que l'éveil est facile au paradis, comme disait cette femme bouddhiste, maître d'Adyashanti : « Il est facile d'être éveillé au paradis, un peu plus difficile en enfer ». 

Et là, de voir qu'au milieu de cet enfer du cancer, de ces traitements très, très lourds, où certains jours vous avez l'impression de vous endormir et de ne plus jamais vous réveillez tellement vous êtes au bout de votre vie ! et puis, une demi-heure, une heure plus tard, vous vous réveillez en sursaut parce qu’un besoin urgent se fait sentir, vous devez aller aux toilettes... la vie continue. 

Et voir qu'au milieu de cet enfer qui a été vécu au niveau du corps, car ça a été vraiment très, très difficile à certains moments, l'éveil demeure, est une grâce. C'est à dire qu'au milieu de tout cela, la paix demeure, le sourire demeure, la joie demeure, le bonheur demeure, la tranquillité de fond est toujours là. Vous vous réveillez en sursaut et vous riez en même temps alors que peut-être bien, vous pensez ne plus vous réveiller. C'est incroyable ! 

Et une autre chose m'est apparue. Cette maladie n'est pas seulement une maladie pour Gérard. C'est une maladie pour tout le monde. En fait, c'est une maladie « don ». Don pour Gérard et don pour tous ceux qui veulent bien l'entendre.

 

Une invitation sans cesse renouvelée, disais-je tout à l'heure. Mais aussi, ce que j'ai vu, c'est que les quelques personnes qui ont été mises au courant de cette situation ont été très touchées. Et pour certaines, elles ont effectué un vrai travail intérieur lié à cette nouvelle. Certains étaient très apeurés pour moi. Moi pas ! Ou était très choqués, très attristés, très blessés parfois même. Je ne sais pas forcément quoi exactement, mais ils ont été appelés, certains, pas tous, ont été appelés eux aussi à faire un travail sur eux-mêmes, à répondre à cette invitation à plus d'éveils, à une perfection de l'éveil. 

 

Et puis autre chose encore, cette maladie m'a montré la manière habituelle de réagir des gens, ré         actions que je connaissais déjà, mais là, elle m'est revenue en pleine figure parce que beaucoup m’ont dit « Il faut que tu luttes, il faut que tu te battes, il faut que tu vainques ce cancer. Aie du courage ou encore Bon courage ». Non, toutes ces phrases ne me parlent pas ! À aucun moment ici, il n'a été question de lutter contre le cancer ni de le vaincre. Le cancer, le traitement, tout cela, c'est de l'amour pur aussi. Quoi d'autre ? 

Il n'y a que ça, il n'y a que l'amour. Comment lutter contre le cancer ? Comment voulez-vous aller vaincre l'amour ? Ça n'a pas de sens !

Être avec, encore une fois. Être avec. 

Se laisser ressentir ce qui se passe à l'intérieur et être avec. Alors oui, oui, oui, c'est bien cela qui se passe. Il m'arrive bien un cancer. C'est la réalité. Et il est bon qu'il en soit ainsi. Même si je ne sais pas pourquoi au départ. Et puis, que ce corps meurt ou demeure vivant, qu'est-ce que ça change à ce que je suis ? Absolument rien. Il n'y a pas à défendre la vie de ce corps. Bien sûr, ça ne veut pas dire de ne pas se soigner. Je me soigne ! Du mieux que je peux. Mais lutter contre le cancer, non. 

Être avec, parler à mes cellules, oui. Les bénir, les remercier pour le travail qu'elles font, les remercier de m'inviter à la perfection de l'éveil. Et je peux même leur demander si elles sont trop fatiguées, parce que cancéreuses ou n'importe « laissez-vous mourir ». Vous avez fait votre job. 

Voyez-vous, ce n'est pas une lutte, c'est un être avec. C'est un oui intérieur profond à ce qui est là. Et celui-là aussi, il ne m'a jamais quitté. À aucun moment, ça a dit non. 

 

Alors oui, j'ai une chance énorme. J'ai vécu cette expérience mystique et d'éveil en 1984. À l'époque, tout était déjà là. Tout ce qui a été réalisé plus tard était déjà là, en fond, mais pas vu clairement à ce moment précis. 

Et il est évident que tout arrive toujours pour le mieux. Donc forcément, cela facilite les choses ! Ce « oui » intérieur est évident, il est là. L'évidence que tout est de l'amour est là depuis tout ce temps. Forcément, ça facilite les choses. 

 

Une autre chose importante est l'hésychasme. Ce mot est apparu à la conscience au bout de quelques jours de traitement. Je me suis souvenu que je pratiquais cela il y a des années et des années, plus de 30 ans de cela. L’hésychasme, c'est une prière sans cesse répétée, utilisée au départ par les moines du désert, les orthodoxes. À propos de l’hésychasme, je tiens à ajouter que pour les moines orthodoxes, à un moment donné, se produit un retournement et « ce n'est plus moi qui prie Dieu, c'est Dieu qui se prie lui-même ».

Et ça, c'est très, très important. Dieu se parle à lui-même à travers cette prière. 

Et l'une d'entre elles est « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, fais-moi miséricorde », ou « aie pitié de moi, pécheur ». Cette phrase ne me parle plus du tout aujourd'hui. Alors ça a laissé tourner. Des phrases sont apparues, puis d'autres, puis d'autres, et encore d'autres. Et finalement, il y en a une qui est restée là : « Je suis l'amour et son expression. Je suis l'amour et son expression ». Et cette phrase s'est mise à tourner en moi et tourner et tourner, jour et nuit, jour et nuit, jour et nuit. Plusieurs jours comme ça, plusieurs nuits. 

Et à la fin, ça a juste été « Om, Om, Om ». À l'inspire, à l'expire, un « Om » perpétuel, constant comme ça, jour et nuit, là aussi : « Om ». Jusqu'à ce jour où, en pleine radiothérapie, sous la machine, le Christ était là avec d'autres êtres de lumière. Il était là, au milieu de ce « Om », avec une puissance de guérison, d'amour, de présence ! Jésus-Christ a toujours été mon maître, mais Jésus-Christ est à la fois humain et divin. Et en tant que Jésus, il est humain, bien sûr, en tant que Christ, il est absolument tout le connu, comme tout avatar d'ailleurs. Tout avatar est tout le connu, tout le connaissable. C'est en ce sens-là qu'il est fils unique d'ailleurs. 

Ce qui Est est simultanément et l'Inconnaissable que dans la tradition chrétienne, on pourrait appeler le Père, et tout le connaissable, tout le connu, que dans la tradition chrétienne on pourrait appeler le Fils. Bien évidemment, Ce qui Est en réalité est la totalité, les deux à la fois. 

Christ est Christ. Peu importe le nom qu'on lui donne. On pourrait lui donner le nom d'un avatar hindou, peu importe. C'est la même chose. Christ, l’Oint, le Messie, est le connu, est le Fils unique et il est partout et toujours partout. 

C'est intéressant parce qu'en fait, ce n'est pas impersonnel ni éthéré, c'est un amour sans fin, sans bornes, sans limites. C'est l'amour même, car tout est fait d'amour. Tout est constitué de cette trame appelée l'amour inconditionnel, absolument tout et de même pour tout ce qui arrive. Tout phénomène est l'amour pur. Et c'est ce qu'on peut appeler Christ ou de n'importe quel autre nom d'Avatar. Et sous la machine, cela est apparu très clairement. Christ est non seulement vivant, comme on le dit dans la tradition chrétienne, mais Christ est la Vie même. Christ est le Vivant.

Christ est Ce que Nous Sommes, chacun de nous, en soi, en tant que ce que nous sommes en soi. En tant que ce que nous sommes. Nous sommes cela même. Et c'est très intéressant parce que c'est la plénitude même, c'est l'amour même et c'est ce que nous sommes et c'est personnifié. Ce n'est pas sans consistance, ce n'est pas vide, ce n'est pas sans réalité. C'est la vérité pure et nue, l'amour pur. Et vivre cet amour pur et se connaître en tant que cet amour pur est une joie sans fin, complète. Ce qui est Est, et il est toujours là, en permanence, tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et c'est de l'amour pur, et c'est de la joie pure, et c'est du bonheur pur. Quoi que vive l'organisme, quoi que vive l'organisme. Et que cet organisme soit vivant ou mort, n'y change rien. 

 

Alors, je souhaite à tous, sans passer par l'épreuve du cancer ou de quoi que ce soit d'autre, et l'éveil complet, et l'éveil parfait. 

 Je vous aime.